Page:Zola - Les Trois Villes - Paris, 1898.djvu/193

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treuse. Il faut vous calmer, mon cher enfant, rien ne doit vous tourmenter, que diable !

Puis, quelques minutes après, comme il partait, il dit avec son bon sourire :

— Vous savez qu’on est venu pour m’interviewer, à propos de cette bombe de la rue Godot-de-Mauroy. Ces journalistes, ils s’imaginent qu’on sait tout ! J’ai répondu à celui-là qu’il serait bien aimable de me renseigner lui-même sur la poudre employée… Et, à ce propos, je fais demain, à mon laboratoire, une leçon sur les explosifs. Il y aura quelques personnes. Venez donc, Pierre, vous en rendrez compte à Guillaume, ça l’intéressera.

Pierre, sur un regard de son frère, accepta. Puis, lorsqu’ils furent tous deux seuls, et qu’il lui eut conté son après-midi, Salvat soupçonné, le juge d’instruction mis sur la bonne piste, Guillaume fut repris d’une fièvre intense, la tête dans l’oreiller, les yeux clos, bégayant en une sorte de cauchemar :

— Allons, c’est la fin… Salvat arrêté, Salvat questionné… Ah ! tant de travail, tant d’espoir qui croule !