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Livre troisième



I


Ce mercredi, la veille du jeudi de la mi-carême, il y avait une grande vente de charité, à l’hôtel Duvillard, au bénéfice de l’Œuvre des Invalides du travail. Les appartements de réception du rez-de-chaussée, trois vastes salons Louis XVI dont les fenêtres donnaient sur la cour carrée intérieure, nue et solennelle, allaient être livrés à la cohue des acheteurs, car cinq mille cartes, disait-on, avaient été lancées dans tous les mondes parisiens. Et c’était un événement considérable, une manifestation, cet hôtel bombardé qui invitait ainsi la foule à entrer, la porte cochère ouverte à deux battants, le porche libre aux piétons et aux équipages. On disait tout bas, il est vrai, qu’une nuée d’agents de police gardaient la rue Godot-de-Mauroy et les rues voisines.

Duvillard avait eu cette idée triomphante, et sa femme, devant sa volonté formelle, s’était résignée à tout ce tracas, pour l’Œuvre qu’elle présidait avec une distinction si pleine de nonchalance. La veille, le Globe, sous l’inspiration de son directeur Fonsègue, administrateur de l’Œuvre, avait publié un bel article annonçant la vente,