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Page:Zola - Les Trois Villes - Rome, 1896.djvu/119

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vous fais visiter Rome comme personne ne pourrait le faire. J’ai tout vu, tout fouillé. Oh ! des trésors, des trésors ! Mais au fond il n’y a qu’une œuvre, on en revient toujours à sa passion. Le Botticelli de la chapelle Sixtine, ah ! le Botticelli !

Sa voix se mourait, il eut un geste brisé d’admiration. Et Pierre dut promettre de s’abandonner à lui, d’aller avec lui à la chapelle Sixtine.

— Vous ignorez sans doute pourquoi je suis ici ? dit enfin ce dernier. On poursuit mon livre, on l’a dénoncé à la congrégation de l’Index.

— Votre livre ! pas possible ! s’écria Narcisse. Un livre dont certaines pages rappellent le délicieux saint François d’Assise !

Obligeamment, alors, il se mit à sa disposition.

— Mais, dites donc ! notre ambassadeur va vous être très utile. C’est l’homme le meilleur de la terre, et d’une affabilité charmante, et plein de la vieille bravoure française… Cet après-midi, ou demain matin au plus tard, je vous présenterai à lui ; et, puisque vous désirez avoir immédiatement une audience du pape, il tâchera de vous l’obtenir… Cependant je dois ajouter que ce n’est pas toujours commode. Le Saint-Père a beau l’aimer beaucoup, il échoue parfois, tellement les approches sont compliquées.

Pierre, en effet, n’avait pas songé à employer l’ambassadeur, dans son idée naïve qu’un prêtre accusé, qui venait se défendre, voyait toutes les portes s’ouvrir d’elles-mêmes. Il fut ravi de l’offre de Narcisse, il le remercia vivement, comme si déjà l’audience était obtenue.

— Puis, continua le jeune homme, si nous rencontrons quelques difficultés, vous n’ignorez pas que j’ai des parents au Vatican. Je ne parle pas de mon oncle le cardinal, qui ne nous serait d’utilité aucune, car il ne bouge jamais de son bureau de la Propagande, il se refuse à toute démarche. Mais mon cousin, monsignor Gamba del