volontés. Et, à mesure qu’il parlait ainsi, très doucement, avec une onction parfaite, le Vatican apparaissait comme un pays gardé par des dragons jaloux et traîtres, un pays où l’on ne devait point franchir une porte, risquer un pas, hasarder un membre, sans s’être soigneusement assuré d’avance qu’on n’y laisserait pas le corps entier.
Pierre continuait à l’écouter, glacé de plus en plus, retombé à l’incertitude.
— Mon Dieu ! cria-t-il, je ne vais pas savoir me conduire… Ah ! vous me découragez, monseigneur !
Nani retrouva son sourire cordial.
— Moi ! mon cher fils. J’en serais désolé… Je veux seulement vous répéter d’attendre, de réfléchir. Surtout pas de fièvre. Rien ne presse, je vous le jure, car on a choisi seulement hier un consulteur, pour faire le rapport sur votre livre, et vous avez devant vous un bon mois… Évitez tout le monde, vivez sans qu’on sache que vous existez, visitez Rome en paix, c’est la meilleure façon d’avancer vos affaires.
Et, prenant une main du prêtre, dans ses deux mains aristocratiques, grasses et douces :
— Vous pensez bien que j’ai mes raisons pour vous parler ainsi… Moi-même, je me serais offert, j’aurais tenu à honneur de vous conduire tout droit à Sa Sainteté. Seulement, je ne veux pas m’en mêler encore, je sens trop qu’à cette heure ce serait de la mauvaise besogne… Plus tard, vous entendez ! plus tard. dans le cas où personne n’aurait réussi, ce sera moi qui vous obtiendrai une audience. Je m’y engage formellement… Mais, en attendant, je vous en prie, évitez de prononcer les mots de religion nouvelle, qui sont malheureusement dans votre livre, et que je vous ai entendu dire encore hier soir. Il ne peut y avoir de religion nouvelle, mon cher fils : il n’y a qu’une religion éternelle, sans compromis ni abandon possible, la religion catholique, apostolique et romaine. De même, laissez vos amis de Paris où