Page:Zola - Les Trois Villes - Rome, 1896.djvu/174

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Le lendemain, Narcisse Habert, désolé, vint dire à Pierre que son cousin, monsignor Gamba del Zoppo, le camérier secret qui se prétendait souffrant, avait demandé deux ou trois jours avant de recevoir le jeune prêtre et de s’occuper de son audience. Pierre se trouva donc immobilisé, n’osant rien tenter d’autre part pour voir le pape, car on l’avait effrayé à un tel point, qu’il craignait de tout compromettre par une démarche maladroite. Et, désœuvré, il se mit à visiter Rome, voulant occuper son temps.

Sa première visite fut pour les ruines du Palatin. Dès huit heures, un matin de ciel pur, il s’en alla seul, il se présenta à l’entrée, qui se trouve rue Saint-Théodore, une grille que flanquent les pavillons des gardiens. Et, tout de suite, un de ceux-ci se détacha s’offrit pour servir de guide. Lui, aurait préféré voyager à sa fantaisie, errer au hasard de ses découvertes et de son rêve. Mais il lui fut pénible de refuser l’offre de cet homme qui parlait le français très nettement, avec un bon sourire de complaisance. C’était un petit homme trapu, un ancien soldat, d’une soixantaine d’années, à la figure carrée et rougeaude, que barraient de grosses moustaches blanches.

— Alors, si monsieur l’abbé veut me suivre… Je vois que monsieur l’abbé est français. Moi, je suis piémontais, et je les connais bien, les Français : j’étais avec eux à Solferino. Oui, oui ! quoi qu’on dise, ça ne s’oublie