Aller au contenu

Page:Zola - Les Trois Villes - Rome, 1896.djvu/281

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Adressez-vous à M. Habert, qui est si bien renseigné.

— Mon Dieu ! déclara celui-ci, je sais ce que tout le monde sait dans les ambassades, ce qui se répète couramment… Pour les recettes, il faut distinguer. D’abord, il y avait le trésor laissé par Pie IX, une vingtaine de millions, placés de façons diverses, qui rapportaient à peu près un million de rentes ; mais, comme je vous l’ai dit, un désastre est survenu, presque réparé maintenant, assure-t-on. Puis, outre le revenu fixe des capitaux placés, il y a les quelques centaines de mille francs que produisent, bon an mal an, les droits de chancellerie de toutes sortes, les titres nobiliaires, les mille petits frais que l’on paie aux congrégations… Seulement, comme le budget des dépenses dépasse sept millions, vous voyez qu’il fallait en trouver six chaque année ; et c’est sûrement le denier de Saint-Pierre qui les a fournis, pas les six peut-être, mais trois ou quatre, avec lesquels on a spéculé pour les doubler et joindre les deux bouts… Ce serait trop long, cette histoire des spéculations du Saint-Siège depuis une quinzaine d’années, les premiers gains énormes, puis la catastrophe qui a failli tout emporter, enfin l’obstination aux affaires qui peu à peu a bouché les trous. Je vous la conterai un jour, si vous êtes curieux de la connaître.

Pierre écoutait, très intéressé.

— Six millions ! s’écria-t-il, même quatre ! Que rapporte-t-il donc, le denier de Saint-Pierre ?

— Oh ! ça, je vous le répète, personne ne l’a jamais su exactement. Autrefois, les journaux catholiques publiaient des listes, les chiffres des offrandes ; et l’on pouvait arriver à une certaine approximation. Mais sans doute on a jugé cela mauvais, car aucun document ne paraît plus, il est devenu radicalement impossible de se faire même une idée de ce que le pape reçoit. Lui seul, je le dis encore, connaît le chiffre total, garde l’argent et en dispose, en