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Page:Zola - Les Trois Villes - Rome, 1896.djvu/282

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souverain maître. Il est à croire que, les bonnes années, les dons ont produit de quatre à cinq millions. La France entrait d’abord pour la moitié dans cette somme ; mais elle donne certainement moins aujourd’hui. L’Amérique donne également beaucoup. Puis viennent la Belgique et l’Autriche, l’Angleterre et l’Allemagne. Quant à l’Espagne et à l’Italie… Ah ! l’Italie…

Il eut un sourire en regardant monsignore Nani, qui, béatement, dodelinait de la tête, de l’air d’un homme enchanté d’apprendre des choses curieuses dont il n’aurait pas su le premier mot.

— Allez, allez, mon cher fils !

— Ah ! l’Italie ne se distingue guère. Si le pape n’avait pour vivre que les cadeaux des catholiques italiens, la famine régnerait vite au Vatican. On peut même dire que, loin de venir à son aide, la noblesse romaine lui a coûté fort cher, car une des principales causes de ses pertes a été l’argent prêté par lui aux princes qui spéculaient… Il n’y a réellement que la France et l’Angleterre où de riches particuliers, de grands seigneurs, ont fait au pape, prisonnier et martyr, de royales aumônes. On cite un duc anglais qui, chaque année, apportait une offrande considérable à la suite d’un vœu, pour obtenir du ciel la guérison d’un misérable fils frappé d’imbécillité… Et je ne parle pas de l’extraordinaire moisson, pendant le jubilé sacerdotal et le jubilé épiscopal, des quarante millions qui s’abattirent alors aux pieds du pape.

— Et les dépenses ? demanda Pierre.

— Je vous l’ai dit, elles sont de sept millions à peu près. On peut compter pour deux millions les pensions payées aux anciens serviteurs du gouvernement pontifical qui n’ont pas voulu servir l’Italie ; mais il faut ajouter que chaque année, ce chiffre diminue par suite des extinctions naturelles… Ensuite, en gros, mettons un million pour les diocèses italiens, un million pour la