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Page:Zola - Les Trois Villes - Rome, 1896.djvu/388

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silence, je me suis décidée à leur fameuse visite. Oui, ce matin, je suis allée chez deux médecins avec ma tante.

Elle s’était remise à sourire, elle ne semblait aucunement gênée.

— Et alors ? demanda-t-il du même air tranquille.

— Et alors, que veux-tu ? ils ont bien vu que je ne mentais pas, ils ont rédigé chacun une espèce de certificat en latin… C’était, paraît-il, absolument nécessaire pour permettre à monsignor Palma de revenir sur ce qu’il a dit.

Puis, se tournant vers Pierre :

— Ah ! ce latin ! monsieur l’abbé… J’aurais bien désiré savoir tout de même, et j’ai songé à vous, pour que vous ayez l’obligeance de le traduire. Mais ma tante n’a pas voulu me laisser les pièces, elle les a fait joindre immédiatement au dossier.

Très embarrassé, le prêtre se contenta de répondre d’un vague signe de tête, car il n’ignorait pas ce qu’étaient ces sortes de certificats, une description nette et complète, en termes précis, avec tous les détails d’état, de couleur et de forme. Eux, sans doute, ne mettaient pas là de pudeur, tellement cet examen leur paraissait naturel et heureux même, puisque toute la félicité de leur vie allait en dépendre.

— Enfin, conclut Benedetta, espérons que monsignor Palma aura de la reconnaissance ; et, en attendant, mon Dario, guéris-toi vite, pour le beau jour tant souhaité de notre bonheur.

Mais il avait commis l’imprudence de se lever trop tôt, sa blessure s’était rouverte, ce qui devait le forcer à garder le lit quelques jours encore. Et Pierre continua, chaque soir, à le venir distraire, en lui contant ses promenades. Maintenant, il s’enhardissait, courait les quartiers de Rome, découvrait avec ravissement les curiosités classiques, cataloguées dans tous les guides. Ce fut ainsi qu’il leur parla un soir avec une sorte de tendresse des principales