Page:Zola - Les Trois Villes - Rome, 1896.djvu/411

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— Donne-leur aussi ma bague, donne-leur tout, ma chère, et nous vivrons bienheureux, au fond de ce vieux palais, même s’il faut en vendre les meubles.

Elle fut enthousiasmée, elle lui saisit la tête entre ses deux mains, et elle lui baisa les yeux éperdument, dans un élan de passion extraordinaire.

Puis, se tournant vers Pierre, tout d’un coup :

— Ah ! pardon, monsieur l’abbé, j’ai une commission pour vous… Oui, c’est monsignor Nani, qui vient de nous apporter la bonne nouvelle, et il m’a chargée de vous dire que vous vous faites trop oublier, que vous devriez agir pour la défense de votre livre.

Étonné, le prêtre l’écoutait.

— Mais c’est lui qui m’a conseillé de disparaître.

— Sans doute… Seulement, il paraît que l’heure est venue où vous devez aller voir les gens, plaider votre cause, vous remuer enfin. Et, tenez ! il a pu savoir le nom du rapporteur qu’on a chargé d’examiner votre livre : c’est monsignor Fornaro, qui demeure place Navone.

Pierre sentait croître sa stupéfaction. Jamais cela ne se faisait, de livrer le nom d’un rapporteur, qui restait secret, pour assurer l’entière liberté de jugement. Était-ce donc une nouvelle phase de son séjour à Rome qui allait commencer ? Et il répondit simplement :

— C’est bon, je vais agir, j’irai voir tout le monde.