Page:Zola - Les Trois Villes - Rome, 1896.djvu/449

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férocité de monsieur de la Choue, qu’il appelle le saule pleureur élégiaque du néo-catholicisme !

Pierre porta les deux mains à ses tempes, se serra la tête désespérément.

— Alors, pourquoi, pourquoi ? dites-le-moi, je vous en prie !… Pourquoi me faire venir et m’avoir ici, dans cette maison, à sa disposition entière ? Pourquoi me promener depuis trois mois dans Rome, à me heurter contre les obstacles, à me lasser, lorsqu’il lui était si facile de laisser l’Index supprimer mon livre, s’il en est gêné ? Il est vrai que les choses ne se seraient pas passées tranquillement, car j’étais disposé à ne pas me soumettre, à confesser ma foi nouvelle hautement, même contre les décisions de Rome.

Les yeux noirs de don Vigilio étincelèrent dans sa face jaune.

— Eh ! c’est peut-être ce qu’il n’a pas voulu. Il vous sait très intelligent et très enthousiaste, je l’ai entendu répéter souvent qu’on ne doit pas lutter de face avec les intelligences et les enthousiasmes.

Mais Pierre s’était levé, et il n’écoutait même plus, il marchait à travers la pièce, comme emporté dans le désordre de ses idées.

— Voyons, voyons, il est nécessaire que je sache et que je comprenne, si je veux continuer la lutte. Vous allez me rendre le service de me renseigner en détail sur chacun des personnages, dans mon affaire… Des Jésuites, des Jésuites partout ! Mon Dieu ! je veux bien, vous avez peut-être raison. Encore faut-il que vous me disiez les nuances… Ainsi, par exemple, ce Fornaro ?

— Monsignor Fornaro, oh ! il est un peu ce qu’on veut. Mais il a été élevé aussi, celui-là, au Collège Romain, et soyez persuadé qu’il est Jésuite, Jésuite par éducation, par position, par ambition. Il brûle d’être cardinal, et s’il devient cardinal un jour, il brûlera d’être pape. Tous des candidats à la papauté, dès le séminaire !