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Page:Zola - Les Trois Villes - Rome, 1896.djvu/458

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les religieuses de la Visitation et celles du Calvaire. Chaque maison avait son installation modeste ou somptueuse, certains quartiers de Rome n’étaient faits que de couvents, et tout ce peuple, derrière les façades muettes, bourdonnait, s’agitait, intriguait, dans la continuelle lutte des intérêts et des passions. L’ancienne évolution sociale qui les avait produits n’agissait plus depuis longtemps, ils s’entêtaient à vivre quand même, de plus en plus inutiles et affaiblis, destinés à cette agonie lente, jusqu’au jour où l’air et le sol leur manqueront à la fois, au sein de la société nouvelle.

Et, dans ses démarches, dans ses courses qui recommençaient, ce n’était pas le plus souvent contre les réguliers que se heurtait Pierre : il avait affaire surtout au clergé séculier, à ce clergé de Rome, qu’il finissait par bien connaître. Une hiérarchie, rigoureuse encore, y maintenait les classes et les rangs. Au sommet, autour du pape, régnait la famille pontificale, les cardinaux et les prélats, très hauts, très nobles, d’une grande morgue, sous leur apparente familiarité. En dessous d’eux, le clergé des paroisses formait comme une bourgeoisie, très digne, d’un esprit sage et modéré, où les curés patriotes n’étaient même pas rares ; et l’occupation italienne, depuis un quart de siècle, avait eu ce singulier résultat, en installant tout un monde de fonctionnaires, témoins des mœurs, de purifier la vie intime des prêtres romains, dans laquelle la femme autrefois jouait un rôle si décisif, que Rome était à la lettre un gouvernement de servantes maîtresses, trônant dans des ménages de vieux garçons. Et, enfin, on tombait à cette plèbe du clergé, que Pierre avait étudiée curieusement, tout un ramassis de misérables prêtres, crasseux, à demi nus, rôdant en quête d’une messe, comme des bêtes faméliques, s’échouant dans les tavernes louches, en compagnie des mendiants et des voleurs. Mais il était plus intéressé encore par la foule flottante des prêtres accourus de la chrétienté entière, les aventuriers,