Page:Zola - Les Trois Villes - Rome, 1896.djvu/471

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Bien qu’il sût ne pouvoir se présenter chez le cardinal Sanguinetti que vers onze heures, Pierre, qui avait pris un train matinal, descendit dès neuf heures à la petite gare de Frascati. Déjà, il y était venu, en un de ses jours d’oisiveté forcée ; il avait fait l’excursion classique de ces Châteaux romains, qui vont de Frascati à Rocca di Papa, et de Rocca di Papa au Monte Cave ; et il était charmé, il se promettait deux heures de promenade apaisante, sur ces premiers coteaux des monts Albains, où Frascati est bâti, parmi les roseaux, les oliviers et les vignes, dominant l’immense mer rousse de la Campagne, comme du haut d’un promontoire, jusqu’à Rome lointaine qui blanchit, telle qu’un îlot de marbre, à six grandes lieues.

Ah ! ce Frascati, sur son mamelon verdoyant, au pied des hauteurs boisées de Tusculum, avec sa terrasse fameuse d’où l’on a la plus belle vue du monde, avec ses anciennes villas patriciennes aux fières et élégantes façades Renaissance, aux parcs magnifiques toujours verts, plantés de cyprès, de pins et de chênes ! C’était une douceur, une joie, une séduction dont il ne se serait jamais lassé. Et, depuis plus d’une heure, il errait délicieusement par les routes bordées d’antiques oliviers noueux, par les chemins couverts, qu’ombrageaient les grands arbres des propriétés voisines, par les sentiers odorants, au bout desquels, à chaque coude, la Campagne se déroulait à l’infini, lorsqu’il fit une rencontre imprévue, qui le contraria d’abord.