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Page:Zola - Les Trois Villes - Rome, 1896.djvu/491

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— Vous verrez un beau spectacle, je vous assure ! Moi, j’en suis enchanté, pour mon bon cousin Attilio, qui est vraiment un très honnête et très charmant garçon. Et rien au monde ne me ferait manquer l’entrée, dans les antiques salons des Buongiovanni, de mon cher oncle Sacco, qui vient enfin de décrocher le portefeuille de l’Agriculture. Ce sera vraiment extraordinaire et superbe… Ce matin, mon père, qui prend tout au sérieux, m’a dit qu’il n’en avait pas fermé l’œil de la nuit.

Il s’interrompit, pour reprendre aussitôt :

— Dites donc, il est déjà deux heures et demie, vous n’aurez plus un train avant cinq heures. Et vous ne savez pas ce que vous devriez faire ? ce serait de rentrer à Rome avec moi, en voiture.

Mais Pierre se récriait.

— Non, non, merci mille fois ! Je dîne avec mon ami Narcisse, je ne puis m’attarder.

— Eh ! vous ne vous attarderez pas, au contraire ! Nous allons partir à trois heures, nous serons à Rome avant cinq heures… Il n’y a pas de promenade plus délicieuse à faire, quand le jour tombe, et, voyons ! je vous promets un admirable coucher de soleil.

Il fut si pressant que le prêtre dut accepter, gagné décidément par tant d’amabilité et de belle humeur. Ils passèrent encore une heure fort agréable, à causer de Rome, de l’Italie, de la France. Ils étaient remontés un instant dans Frascati, où le comte voulait revoir un entrepreneur. Et, comme trois heures sonnaient, ils partirent enfin, mollement bercés côte à côte, sur les coussins de la victoria, au trot léger des deux chevaux. C’était délicieux, en effet, ce retour à Rome, au travers de l’immense Campagne nue, sous le grand ciel limpide, par cette fin exquise de la plus douce des journées d’automne.

Mais d’abord, à grande allure, la victoria dut descendre les pentes de Frascati, entre de continuels champs de vignes et des bois d’oliviers. La route pavée tournait,