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Page:Zola - Les Trois Villes - Rome, 1896.djvu/515

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aux piliers surmontés de vases, enfin la ville, avec ses rangées de petites maisons grises, de commerces pauvres, de cabarets borgnes, d’où sortaient parfois des cris et des bruits de bataille.

Prada voulut absolument conduire ses compagnons rue Giulia, à cinquante mètres du palais.

— Cela ne me gêne pas, et d’aucune façon, je vous assure… Voyons, vous ne pouvez achever la route à pied, pressés comme vous l’êtes !

Déjà, la rue Giulia dormait dans sa paix séculaire, absolument déserte, d’une mélancolie d’abandon, avec la double file morne de ses becs de gaz. Et, dès qu’il fut descendu de voiture, Santobono n’attendit pas Pierre, qui, d’ailleurs, passait toujours par la petite porte, sur la ruelle latérale.

— Au revoir, l’abbé.

— Au revoir, monsieur le comte. Mille grâces !

Alors, tous deux purent le suivre du regard jusqu’au palais Boccanera, dont la vieille porte monumentale, noire d’ombre, était encore grande ouverte. Un instant, ils virent sa haute taille rugueuse qui barrait cette ombre. Puis, il entra, il s’engouffra avec son petit panier, portant le destin.