libre enfin d’aimer selon son cœur, sans offenser ni les hommes ni Dieu. Et elle faisait ses projets d’avenir, rêvant tout haut.
— Ah ! maintenant, c’est bien simple, puisque j’ai déjà obtenu la séparation de corps, je finirai par obtenir le divorce civil, du moment que l’Église aura annulé mon mariage. Et j’épouserai Dario, oui ! vers le printemps prochain, peut-être plus tôt, si l’on arrive à hâter les formalités… Ce soir, à six heures, il part pour Naples, où il va régler une affaire d’intérêt, une propriété que nous y possédions encore, et qu’il a fallu vendre, car tout cela a coûté très cher. Mais qu’importe à présent, puisque nous voilà l’un à l’autre !… Dans quelques jours, dès qu’il sera revenu, que de bonnes heures, comme nous allons rire, comme nous passerons le temps gaiement ! Je n’en ai pas dormi, après ce bal qui a été si beau, tant j’ai fait des projets, ah ! des projets magnifiques, vous verrez, vous verrez, car je veux que vous restiez à Rome, désormais, jusqu’à notre mariage.
Il se mit à rire avec elle, gagné par cette explosion de jeunesse et de bonheur, au point qu’il devait faire un rude effort sur lui-même, pour ne pas dire lui aussi sa félicité, l’espoir dont sa prochaine entrevue avec le pape l’emplissait. Mais il avait juré de n’en parler à personne.
Dans le silence frissonnant de l’étroit jardin ensoleillé, un cri persistant d’oiseau revenait par intervalles ; et Benedetta en plaisantant leva la tête, regarda une cage qui était accrochée à une fenêtre du premier étage.
— Oui, oui ! Tata, crie bien fort, sois contente. Il faut que tout le monde soit content dans la maison.
Puis, se retournant vers Pierre, de son air fou d’écolière en vacances :
— Vous connaissez bien Tata ?… Comment, vous ne connaissez pas Tata ?… Mais c’est la perruche de mon oncle le cardinal ! Je la lui ai donnée au dernier printemps, et il l’adore, il lui permet de voler les morceaux sur son