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Page:Zola - Les Trois Villes - Rome, 1896.djvu/571

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finit par dire, en songeant au petit panier qui s’était promené dans la voiture de Prada :

— Ah ! ces figues, tenez ! je n’en ai plus envie du tout, je préfère maintenant ne pas en avoir mangé.

Tout de suite après le café, donna Serafina les quitta, dans la hâte qu’elle avait de mettre un chapeau et de partir pour le Vatican. Restés seuls, Benedetta et Pierre s’attardèrent à table un instant encore, repris de leur gaieté, causant en bons amis. Le prêtre reparla de son audience du soir, de sa fièvre d’impatience heureuse. À peine deux heures, encore sept heures à attendre : qu’allait-il faire, à quoi allait-il employer cette après-midi interminable ? Alors, elle, très gentiment, eut une idée.

— Vous ne savez pas, eh bien ! puisque nous sommes tous si contents, il ne faut pas nous quitter… Dario a sa voiture. Il doit, comme nous, avoir fini de déjeuner, et je vais lui faire dire de monter nous prendre, de nous emmener pour une grande promenade, le long du Tibre, très loin.

Elle tapait dans ses mains, ravie de ce beau projet. Mais, juste à ce moment, don Vigilio parut, l’air effaré.

— Est-ce que la princesse n’est pas là ?

— Non, ma tante est sortie… Qu’y a-t-il donc ?

— C’est Son Éminence qui m’envoie… Le prince vient de se sentir indisposé, en se levant de table… Oh ! rien, rien de bien grave sans doute.

Elle eut un cri, plutôt de surprise que d’inquiétude.

— Comment, Dario !… Mais nous allons tous descendre. Venez donc, monsieur l’abbé. Il ne faut pas qu’il soit malade, pour nous emmener en voiture.

Puis, dans l’escalier, comme elle rencontrait Victorine, elle la fit descendre aussi.

— Dario se trouve indisposé, on peut avoir besoin de toi.

Tous quatre entrèrent dans la chambre, vaste et surannée, meublée simplement, où le jeune prince venait déjà