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Page:Zola - Les Trois Villes - Rome, 1896.djvu/663

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un rire doux de vieux savant qui n’a jamais aimé que les vieilles pierres : vous savez bien, leurs antiquailles, leurs idées patriotiques d’il y a cent mille ans. Et vous voyez, aujourd’hui, il pleure toutes les larmes de son corps… L’autre aussi est venu, il n’y a pas vingt minutes, le père Lorenza, le Jésuite, celui qui a été le confesseur de la contessina, après l’abbé Pisoni, et qui a défait ce que ce dernier avait fait. Oui, un bel homme, un beau gâcheur de besogne encore, un empêcheur d’être heureux, avec toutes les complications sournoises qu’il a mises dans l’histoire du divorce… J’aurais voulu que vous fussiez là, pour voir la façon dont il a fait un grand signe de croix, après s’être mis à genoux. Il n’a pas pleuré, lui, ah ! non, et il semblait dire que, puisque les choses finissaient si mal, c’était que Dieu s’était finalement retiré de toute cette affaire. Tant pis pour les morts !

Elle parlait doucement, sans arrêt, comme soulagée de pouvoir se vider le cœur, après les terribles heures de bousculade et d’étouffement, qu’elle vivait depuis la veille.

— Et celle-ci, reprit-elle plus bas, vous ne la reconnaissez donc point ?

Elle désignait du regard la jeune fille pauvrement vêtue, qu’il avait prise pour une servante, et que le chagrin, une détresse affreuse, écrasait sur les dalles, devant le lit. Dans un mouvement d’éperdue souffrance, elle venait de relever, de renverser la tête, une tête d’une beauté extraordinaire, noyée dans la plus admirable des chevelures noires.

— La Pierina ! dit-il. La pauvre fille !

Victorine eut un geste de pitié et de tolérance.

— Que voulez-vous ? Je lui ai permis de monter jusqu’ici… Je ne sais comment elle a pu apprendre le malheur. Il est vrai qu’elle rôde toujours autour du palais. Alors, elle m’a fait appeler, en bas, et si vous l’aviez entendue me supplier, me demander avec de gros sanglots