Page:Zola - Lettre à Madame Alfred Dreyfus, paru dans L’Aurore, 22 septembre 1899.djvu/32

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l’être. Quand il aura parlé, ils sauront qu’il n’y a pas au monde un héros plus acclamé, un martyr dont la souffrance ait bouleversé plus profondément les cœurs. Et ils seront très fiers de lui, ils porteront son nom avec gloire, comme le nom d’un brave et d’un stoïque qui s’est épuré jusqu’au sublime, sous le plus effroyable destin que la scélératesse et la lâcheté humaines aient laissé s’accomplir. Un jour, ce n’est ni le fils ni la fille de l’innocent, ce sont les enfants des bourreaux qui auront à rougir, dans l’exécration universelle.

Veuillez agréer, madame, l’assurance de mon profond respect.

Émile Zola.