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Page:Zola - Madeleine Férat, 1869.djvu/219

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X

Lorsque Jacques s’éveilla à la Noiraude, il fut très surpris du brusque départ de Guillaume et de sa femme. Il n’eut, d’ailleurs, pas le moindre soupçon du terrible drame qu’amenait sa présence. Geneviève lui conta, en quelques mots, l’histoire de la mort subite d’un parent, qui avait obligé ses maîtres à partir dans la nuit. Il ne pouvait songer un moment à discuter la véracité de cette histoire. « Bah ! se dit-il, je verrai mes tourtereaux à mon retour de Toulon. » Et il ne pensa plus qu’à tuer la journée le plus gaiement possible.

Il alla promener son ennui dans les petites rues silencieuses de Véteuil, où il eut la mauvaise chance de ne pas rencontrer un seul de ses anciens camarades de collège. L’heure de son départ menaçait de ne jamais arriver. Vers le soir, comme il lui restait à peine quelques minutes pour prendre la diligence, il fut accosté par un brave homme qui s’exclama en le reconnaissant, et se mit à lui raconter longuement les derniers instants de son oncle. Quand il le lâcha, la voiture était partie. Jacques perdit une heure à chercher un cabriolet de louage ; il entra tout juste à Mantes pour entendre le sifflet du train qui s’éloignait. Ce retard le contraria beaucoup. Ayant appris qu’il pourrait