Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/106

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se retirer, et l’on désignait déjà dans les groupes le jeune député comme son successeur. Lui, haussait les épaules : rien n’était fait, il n’avait eu avec l’empereur qu’un entretien sur des points spéciaux. Pourtant, la visite du président du Corps législatif pouvait être grosse de signification. Il parut secouer la préoccupation qui l’assombrissait, il se leva et alla serrer les mains du président.

— Ah ! monsieur le duc, dit-il, je vous demande pardon. J’ignorais que vous fussiez là… Croyez que je suis bien touché de l’honneur que vous me faites.

Un instant, ils causèrent à bâtons rompus, sur un ton de cordialité. Puis, le président, sans rien lâcher de net, lui fit entendre qu’il était envoyé par l’empereur, pour le sonder. Accepterait-il le portefeuille des finances, et avec quel programme ? Alors, lui, superbe de sang-froid, posa ses conditions. Mais, sous l’impassibilité de son visage, un grondement de triomphe montait. Enfin, il gravissait le dernier échelon, il était au sommet. Encore un pas, il allait avoir toutes les têtes au-dessous de lui. Comme le président concluait, en disant qu’il se rendait à l’instant même chez l’empereur, pour lui communiquer