Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/107

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le programme débattu, une petite porte donnant sur les appartements s’ouvrit, et la femme de chambre de madame parut.

Nantas, tout d’un coup redevenu blême, n’acheva pas la phrase qu’il prononçait. Il courut à cette femme, en murmurant :

— Excusez-moi, monsieur le duc…

Et, tout bas, il l’interrogea. Madame était donc sortie de bonne heure ? Avait-elle dit où elle allait ? Quand devait-elle rentrer ? La femme de chambre répondait par des paroles vagues, en fille intelligente qui ne veut pas se compromettre. Ayant compris la naïveté de cet interrogatoire, il finit par dire simplement :

— Dès que Madame rentrera, prévenez-la que je désire lui parler.

Le duc, surpris, s’était approché d’une fenêtre et regardait dans la cour. Nantas revint à lui, en s’excusant de nouveau. Mais il avait perdu son sang-froid, il balbutia, il l’étonna par des paroles peu adroites.

— Allons, j’ai gâté mon affaire, laissa-t-il échapper tout haut, lorsque le président ne fut plus là. Voilà un portefeuille qui va m’échapper.

Et il resta dans un état de malaise, coupé