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IV


Depuis dix-huit mois que Nantas était ministre des finances, il semblait s’étourdir par un travail surhumain. Au lendemain de la scène de violence qui s’était passée dans son cabinet, il avait eu avec le baron Danvilliers une entrevue ; et, sur les conseils de son père, Flavie avait consenti à rentrer au domicile conjugal. Mais les époux ne s’adressaient plus la parole, en dehors de la comédie qu’ils devaient jouer devant le monde. Nantas avait décidé qu’il ne quitterait pas son hôtel. Le soir, il amenait ses secrétaires et expédiait chez lui la besogne.

Ce fut l’époque de son existence où il fit les plus grandes choses. Une voix lui soufflait des inspirations hautes et fécondes. Sur son passage, un murmure de sympathie et d’admiration s’élevait.