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Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/122

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actions de sa femme, elle feignit de se révolter, en lui demandant pour qui il la prenait.

— Voyons, mademoiselle, dit-il impatienté, je suis très pressé, on m’attend. Abrégeons, je vous prie.

Mais elle ne voulait rien entendre, s’il n’y mettait des formes. Ses principes étaient que les choses ne sont pas laides en elles-mêmes, qu’elles le deviennent ou cessent de l’être, selon la façon dont on les présente.

— Eh bien ! reprit-il, il s’agit, mademoiselle, d’une bonne action… Je crains que ma femme ne me cache certains chagrins. Je la vois triste depuis quelques semaines, et j’ai songé à vous, pour obtenir des renseignements.

— Vous pouvez compter sur moi, dit-elle alors avec une effusion maternelle. Je suis dévouée à madame, je ferai tout pour son honneur et le vôtre… Dès demain, nous veillerons sur elle.

Il lui promit de la récompenser de ses services. Elle se fâcha d’abord. Puis, elle eut l’habileté de le forcer à fixer une somme : il lui donnerait dix mille francs, si elle lui fournissait une preuve formelle de la bonne ou de la mauvaise conduite de madame. Peu à peu, ils en étaient venus à préciser les choses.