Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/155

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Elle s’interrompit, elle passa sans transition à un autre sujet.

— Dites donc, ma petite, il faut songer aux formalités, la déclaration à la mairie, puis tous les détails du convoi. Vous n’êtes pas en état de vous occuper de ça. Moi, je ne veux pas vous laisser seule… Hein ? si vous le permettez, je vais voir si monsieur Simoneau est chez lui.

Marguerite ne répondit pas. J’assistais à toutes ces scènes comme de très loin. Il me semblait, par moments, que je volais, ainsi qu’une flamme subtile, dans l’air de la chambre, tandis qu’un étranger, une masse informe reposait inerte sur le lit. Cependant, j’aurais voulu que Marguerite refusât les services de ce Simoneau. Je l’avais aperçu trois ou quatre fois durant ma courte maladie. Il habitait une chambre voisine et se montrait très serviable. Madame Gabin nous avait raconté qu’il se trouvait simplement de passage à Paris, où il venait recueillir d’anciennes créances de son père, retiré en province et mort dernièrement. C’était un grand garçon, très beau, très fort. Je le détestais, peut-être parce qu’il se portait bien. La veille, il était encore entré, et j’avais souffert de le voir assis près de Marguerite. Elle était si jolie, si blanche à côté de lui !