Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/169

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

madame Gabin. Allons, houp ! maintenant que le plancher est débarrassé !

Dans la colère jalouse qui m’affolait, je regardais cet enlèvement comme un rapt abominable. Je ne voyais plus Marguerite depuis la veille, mais je l’entendais encore. Maintenant, c’était fini ; on venait de me la prendre ; un homme l’avait ravie, avant même que je fusse dans la terre. Et il était avec elle, derrière la cloison, seul à la consoler, à l’embrasser peut-être !

La porte s’était ouverte de nouveau, des pas lourds marchaient dans la pièce.

— Dépêchons, dépêchons, répétait madame Gabin. Cette petite dame n’aurait qu’à revenir.

Elle parlait à des gens inconnus et qui ne lui répondaient que par des grognements.

— Moi, vous comprenez, je ne suis pas une parente, je ne suis qu’une voisine. Je n’ai rien à gagner dans tout ça. C’est par pure bonté de cœur que je m’occupe de leurs affaires. Et ce n’est déjà pas si gai… Oui, oui, j’ai passé la nuit. Même qu’il ne faisait guère chaud, vers quatre heures. Enfin, j’ai toujours été bête, je suis trop bonne.

À ce moment, on tira la bière au milieu de la chambre, et je compris. Allons, j’étais condamné,