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Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/18

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d’honneur, un salon de douze mètres sur huit, que six fenêtres éclairaient. Puis, il avait installé là, dans un compartiment son cabinet, et dans l’autre le cabinet de ses clercs. Le premier étage comptait en outre quatre pièces, dont la plus petite mesurait près de sept mètres sur cinq. Madame Rostand, Frédéric, les deux vieilles bonnes, habitaient des chambres hautes comme des chapelles. L’avoué s’était résigné à faire aménager un ancien boudoir en cuisine, pour rendre le service plus commode ; auparavant, lorsqu’on se servait de la cuisine du rez-de-chaussée, les plats arrivaient complètement froids, après avoir traversé l’humidité glaciale du vestibule et de l’escalier. Et le pis était que cet appartement démesuré se trouvait meublé de la façon la plus sommaire. Dans le cabinet, un ancien meuble vert, en velours d’Utrecht, espaçait son canapé et ses huit fauteuils, style Empire, aux bois raides et tristes ; un petit guéridon de la même époque semblait un joujou, au milieu de l’immensité de la pièce ; sur la cheminée, il n’y avait qu’une affreuse pendule de marbre moderne, entre deux vases, tandis que le carrelage, passé au rouge et frotté, luisait d’un éclat dur. Les chambres à coucher étaient encore plus vides. On sentait là