Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/17

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n’empêchait pas que les deux enfants fussent très bons amis.

— Et n’oublie pas de raccommoder les filets, répétait le collégien.

— N’ayez pas peur, monsieur Frédéric, répondait Naïs. Vous pouvez venir.

M. Rostand était fort riche. Il avait acheté à vil prix un hôtel superbe, rue du Collège. L’hôtel de Coiron, bâti dans les dernières années du dix-septième siècle, développait une façade de douze fenêtres, et contenait assez de pièces pour loger une communauté. Au milieu de ces appartements immenses, la famille composée de cinq personnes, en comptant les deux vieilles domestiques, semblait perdue. L’avoué occupait seulement le premier étage. Pendant dix ans, il avait affiché le rez-de-chaussée et le second, sans trouver de locataires. Alors, il s’était décidé à fermer les portes, à abandonner les deux tiers de l’hôtel aux araignées. L’hôtel, vide et sonore, avait des échos de cathédrale au moindre bruit qui se produisait dans le vestibule, un énorme vestibule avec une cage d’escalier monumentale, où l’on aurait aisément construit une maison moderne.

Au lendemain de son achat, M. Rostand avait coupé en deux par une cloison le grand salon