Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/180

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rappeler ce que je savais sur la façon dont on enterre. Sans doute, j’étais dans une concession de cinq ans ; cela m’ôtait un espoir car j’avais remarqué autrefois, à Nantes, que les tranchées de la fosse commune laissaient passer dans leur remblaiement continu, les pieds des dernières bières enfouies. Il m’aurait suffi alors de briser une planche pour m’échapper ; tandis que, si je me trouvais dans un trou comblé entièrement, j’avais sur moi toute une couche épaisse de terre, qui allait être un terrible obstacle.

N’avais-je pas entendu dire qu’à Paris on enterrait à six pieds de profondeur ? Comment percer cette masse énorme ? Si même je parvenais à fendre le couvercle, la terre n’allait-elle pas entrer, glisser comme un sable fin, m’emplir les yeux et la bouche ? Et ce serait encore la mort, une mort abominable, une noyade dans de la boue.

Cependant, je tâtai soigneusement autour de moi. La bière était grande, je remuais les bras avec facilité. Dans le couvercle, je ne sentis aucune fente. À droite et à gauche, les planches étaient mal rabotées, mais résistantes et solides. Je repliai mon bras le long de ma poitrine, pour remonter vers la tête. Là, je découvris, dans la planche du bout, un nœud qui cédait