Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/181

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légèrement sous la pression ; je travaillai avec la plus grande peine, je finis par chasser le nœud, et de l’autre côté, en enfonçant le doigt, je reconnus la terre, une terre grasse, argileuse et mouillée. Mais cela ne m’avançait à rien. Je regrettai même d’avoir ôté ce nœud, comme si la terre avait pu entrer. Une autre expérience m’occupa un instant : je tapai autour du cercueil, afin de savoir si, par hasard il n’y aurait pas quelque vide, à droite ou à gauche. Partout, le son fut le même. Comme je donnais aussi de légers coups de pied, il me sembla pourtant que le son était plus clair au bout. Peut-être n’était-ce qu’un effet de la sonorité du bois.

Alors, je commençai par des poussées légères, les bras en avant, avec les poings. Le bois résista. J’employai ensuite les genoux, m’arc-boutant sur les pieds et sur les reins. Il n’y eut pas un craquement. Je finis par donner toute ma force, je poussai du corps entier, si violemment, que mes os meurtris criaient. Et ce fut à ce moment que je devins fou.

Jusque-là, j’avais résisté au vertige, aux souffles de rage qui montaient par instants en moi, comme une fumée d’ivresse. Surtout, je réprimais les cris, car je comprenais que, si je criais, j’étais