Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/185

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Certes, je n’étais pas sauvé, mais l’espérance m’inondait le cœur. J’avais cessé de pousser, je ne bougeais plus, de peur de déterminer quelque éboulement qui m’aurait enseveli. Mon projet était de me servir du couvercle comme d’un abri, tandis que je tâcherais de pratiquer une sorte de puits dans l’argile. Malheureusement, ce travail présentait de grandes difficultés : les mottes épaisses qui se détachaient embarrassaient les planches que je ne pouvais manœuvrer ; jamais je n’arriverais au sol, déjà des éboulements partiels me pliaient l’échine et m’enfonçaient la face dans la terre. La peur me reprenait, lorsqu’en m’allongeant pour trouver un point d’appui, je crus sentir que la planche qui fermait la bière, aux pieds, cédait sous la pression. Je tapai alors vigoureusement du talon, songeant qu’il pouvait y avoir, à cet endroit, une fosse qu’on était en train de creuser. Tout d’un coup, mes pieds enfoncèrent dans le vide. La prévision était juste : une fosse nouvellement ouverte se trouvait là. Je n’eus qu’une mince cloison de terre à trouer pour rouler dans cette fosse. Grand Dieu ! j’étais sauvé !

Un instant, je restai sur le dos, les yeux en l’air au fond du trou. Il faisait nuit. Au ciel, les