Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/192

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c’était ce qu’elle avait de mieux à faire. M. Simoneau lui témoignait tant d’amitié !… Il avait heureusement terminé ses affaires, un gros héritage, et il lui offrait de l’emmener là-bas, dans son pays, vivre chez une tante à lui, qui a besoin d’une personne de confiance.

La dame du comptoir eut un léger rire. J’avais enfoncé ma face dans un journal, très pâle, les mains tremblantes.

— Sans doute, ça finira par un mariage, reprit madame Gabin. Mais je vous jure sur mon honneur que je n’ai rien vu de louche. La petite pleurait son mari, et le jeune homme se conduisait parfaitement bien… Enfin, ils sont partis hier. Quand elle ne sera plus en deuil, n’est-ce pas ? ils feront ce qu’ils voudront.

À ce moment, la porte qui menait du restaurant dans l’allée s’ouvrit toute grande, et Dédé entra.

— Maman, tu ne montes pas ?… J’attends, moi. Viens vite.

— Tout à l’heure, tu m’embêtes ! dit la mère.

L’enfant resta, écoutant les deux femmes, de son air précoce de gamine poussée sur le pavé de Paris.

— Dame ! après tout, expliquait madame Gabin,