Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/194

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Lorsque je levai la tête, je vis que le jardin du Luxembourg était devant moi. J’y entrai et je m’assis au soleil, rêvant avec une grande douceur. La pensée de Marguerite m’attendrissait, maintenant. Je me l’imaginais en province, dame dans une petite ville, très heureuse, très aimée, très fêtée ; elle embellissait, elle avait trois garçons et deux filles. Allons ! j’étais un brave homme, d’être mort, et je ne ferais certainement pas la bêtise cruelle de ressusciter.

Depuis ce temps, j’ai beaucoup voyagé, j’ai vécu un peu partout. Je suis un homme médiocre, qui a travaillé et mangé comme tout le monde. La mort ne m’effraie plus ; mais elle ne semble pas vouloir de moi, à présent que je n’ai aucune raison de vivre, et je crains qu’elle ne m’oublie.