Aller au contenu

Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/205

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

parfaitement indifférentes. Et il me nommait les gens, il avait des renseignements précis sur chacun. Lui, né à Paris, avait passé seulement deux années au lycée de Caen, pendant que son père était préfet du Calvados. Je le trouvais de paroles très libres. Un sourire pinçait sa lèvre inférieure, lorsque je lui demandais des détails sur certaines des femmes qui étaient là.

— Tu regardes madame Neigeon ? m’a-t-il dit tout d’un coup.

À la vérité, je regardais madame Gaucheraud. Aussi ai-je répondu assez sottement :

— Madame Neigeon, ah ! où donc ?

— Cette femme brune, là-bas, près de la cheminée, qui cause avec une femme blonde, décolletée.

En effet, près de madame Gaucheraud, et riant gaiement, se trouvait une dame que je n’avais pas remarquée.

— Ah ! c’est madame Neigeon, ai-je répété à deux reprises.

Et je l’ai examinée. C’était bien fâcheux qu’elle fût brune, car elle m’a paru également charmante, un peu moins grande que Berthe, avec une magnifique couronne de cheveux noirs. Elle avait des yeux à la fois vifs et tendres. Le nez