Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/224

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cule, et ma tante a fini par me traiter de fou, d’autant plus furieuse, qu’elle avait déjà parlé de l’affaire à M. Neigeon. N’importe ! Louise ne croira pas que je lui fais la cour pour obtenir un poste du ministère.

On rirait de moi, si je racontais par quels étranges sentiments j’ai passé depuis dix jours. D’abord, j’ai été persuadé que Louise s’était aperçue du trouble profond où m’avait jeté le frôlement de sa jupe sur mon genou ; et j’en concluais que je ne lui déplaisais pas, puisqu’elle ne s’était pas reculée tout de suite. Je trouvais là comme une avance sensuelle, qui allait plus loin que la coquetterie permise. Ce sont ici des notes sincères, une sorte de confession où je ne cache rien. Beaucoup d’hommes, s’ils disaient tout, avoueraient que les milieux changent, mais que la femme reste la même. En amour, la femme se donne ou permet qu’on la prenne. Je parle des femmes mariées, des mondaines ayant des convenances à garder. Les hommes qui les désirent sentent vite si elles s’offrent, sous la bonne tenue de l’éducation et le raffinement du luxe. Tout ceci est pour dire que, dans mon égoïsme d’amant, je trouvais naturelle une liaison possible de Louise avec moi. Ce bout de jupe sur