Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/228

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nérale, deux concerts et une prise de voile, sans compter des courses un peu partout. Comment un débarqué de la veille, un provincial qui avait conscience de ses gaucheries, pouvait-il se débrouiller parmi une pareille confusion ? Je comprenais bien que le ton suprême était de se rendre à un de ces endroits ; mais auquel, grand Dieu ? Enfin, au risque de me morfondre toute une journée et de me dévorer d’impatience, si je me trompais, j’ai osé choisir. Je croyais me souvenir d’avoir entendu ces dames parler des courses de Maisons-Laffitte, et une inspiration m’a poussé, j’ai résolu d’aller aux courses de Maisons-Laffitte. Cette décision prise, je me suis senti plus calme.

Quel coin de terre ravissant, cette banlieue de Paris ! Je ne connaissais pas Maisons-Laffitte, qui m’a enchanté, avec ses maisons si gaies, bâties sur un coteau que borde la Seine. On est dans les premiers jours de mai, les pommiers tout blancs font de grands bouquets, au milieu de la verdure tendre des peupliers et des ormes.

Cependant, je me suis trouvé d’abord bien dépaysé, perdu entre des murs et des haies vives, ne voulant demander mon chemin à personne. J’avais eu la joie de voir beaucoup de monde prendre le même train ; mais ces dames n’étaient