Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/279

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— C’est un abordage, criait-elle.

Lui, était très rouge. Il se rapprochait, en la regardant sournoisement. Elle lui semblait délicieuse, sous son chapeau de paille rabattu. On ne voyait que son visage, dont le menton à fossette trempait dans l’eau. Quelques gouttes tombant des mèches blondes échappées du bonnet mettaient des perles dans le duvet des joues. Et rien n’était exquis comme ce sourire, cette tête de jolie femme qui s’avançait à petit bruit, en ne laissant derrière elle qu’un filet d’argent.

Hector devint plus rouge encore, lorsqu’il s’aperçut qu’Estelle se savait regardée et s’égayait de la singulière figure qu’il devait faire.

— Monsieur votre mari paraît s’impatienter, dit-il pour renouer la conversation.

— Oh ! non, répondit-elle tranquillement, il a l’habitude de m’attendre, quand je prends mon bain.

À la vérité, M. Chabre s’agitait. Il faisait quatre pas en avant, revenait, puis repartait, en imprimant à son ombrelle un mouvement de rotation plus vif, dans l’espoir de se donner de l’air. La conversation de sa femme avec le nageur inconnu commençait à le surprendre.

Estelle songea tout à coup qu’il n’avait peut-être pas reconnu Hector.