Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/312

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— Dis, ce sera peut-être la bonne !

Le lendemain, il fallut attendre la marée basse pour se mettre en marche. Puis, comme Estelle n’était pas prête, on s’attarda, on ne partit qu’à cinq heures du soir. Hector affirmait pourtant qu’on ne serait pas gagné par la haute mer. La jeune femme avait ses pieds nus dans des bottines de coutil. Elle portait gaillardement une robe de toile grise, très courte, qu’elle relevait et qui découvrait ses fines chevilles. Quant à M. Chabre, il était correctement en pantalon blanc et en paletot d’alpaga. Il avait pris son ombrelle et il tenait un petit panier, de l’air convaincu d’un bourgeois parisien allant faire lui-même son marché.

La route fut pénible pour arriver aux premières roches. On marchait sur une plage de sable mouvant, dans laquelle les pieds entraient. L’ancien marchand de grains soufflait comme un bœuf.

— Eh bien ! je vous laisse, je monte là-haut, dit-il enfin.

— C’est cela, prenez ce sentier, répondit Hector. Plus loin, vous seriez bloqué… Vous ne voulez pas qu’on vous aide ?

Et ils le regardèrent gagner le sommet de la