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Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/346

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tinctive. Puis, dans le wagon qui le ramenait, sa tête travailla, il songea qu’il pouvait maintenant reprendre sa place au soleil, s’il parvenait à découvrir Félicie et Louise. Des espoirs lui remontaient au cœur ; il était libre, il les chercherait ouvertement ; et il finissait par croire qu’il allait les retrouver bien tranquilles, dans leur logement de la rue des Envierges, la nappe mise, comme si elles l’avaient attendu. Tout s’expliquerait, quelque malentendu très simple. Il irait à sa mairie, se nommerait, et le ménage recommencerait sa vie d’autrefois.

À Paris, la gare du Nord était pleine d’une foule tumultueuse. Des acclamations s’élevèrent, dès que les voyageurs parurent, un enthousiasme fou, des bras qui agitaient des chapeaux, des bouches ouvertes qui hurlaient un nom. Damour eut peur un instant : il ne comprenait pas, il s’imaginait que tout ce monde était venu là pour le huer au passage. Puis, il reconnut le nom qu’on acclamait, celui d’un membre de la Commune qui se trouvait justement dans le même train, un contumace illustre auquel le peuple faisait une ovation. Damour le vit passer, très engraissé, l’œil humide, souriant, ému de cet accueil. Quand le héros fut monté dans un fiacre, la