Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/348

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connu, devant ces vieilles choses connues qu’il retrouvait. Son trouble grandit encore, lorsqu’il approcha de la rue des Envierges. Il se sentait mollir, il avait des envies de ne pas aller plus loin, comme si une catastrophe l’attendait. Pourquoi revenir ? Qu’allait-il faire là ?

Enfin, rue des Envierges, il passa trois fois devant la maison, sans pouvoir entrer. En face, la boutique du charbonnier avait disparu ; c’était maintenant une boutique de fruitière ; et la femme qui était sur la porte lui sembla si bien portante, si carrément chez elle, qu’il n’osa pas l’interroger, comme il en avait eu l’idée d’abord. Il préféra risquer tout, en marchant droit à la loge de la concierge. Que de fois il avait ainsi tourné à gauche, au bout de l’allée, et frappé au petit carreau !

— Madame Damour, s’il vous plaît ?

— Connais pas… Nous n’avons pas ça ici.

Il était resté immobile. À la place de la concierge d’autrefois, une femme énorme, il avait devant lui une petite femme sèche, hargneuse, qui le regardait d’un air soupçonneux. Il reprit :

— Madame Damour demeurait au fond, il y a dix ans.

— Dix ans ! cria la concierge. Ah ! bien ! il a