Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/363

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nait la chambre, et il n’osait s’asseoir, parce que les chaises lui semblaient trop belles. Aussi fut-ce encore Berru qui commença.

— Oui, il y a quinze jours qu’il vous cherche… Alors, il m’a rencontré, et je l’ai amené.

Puis, comme s’il eût éprouvé le besoin de s’excuser auprès d’elle :

— Vous comprenez, je n’ai pu faire autrement. C’est un ancien camarade, et ça m’a retourné le cœur, quand je l’ai vu à ce point dans la crotte.

Pourtant, Félicie se remettait un peu. Elle était la plus raisonnable, la mieux portante aussi. Quand elle n’étrangla plus, elle voulut sortir d’une situation intolérable et entama la terrible explication.

— Voyons, Jacques, que viens-tu demander ?

Il ne répondit pas.

— C’est vrai, continua-t-elle, je me suis remariée. Mais il n’y a pas de ma faute, tu le sais. Je te croyais mort, et tu n’as rien fait pour me tirer d’erreur.

Damour parla enfin.

— Si, je t’ai écrit.

— Je te jure que je n’ai pas reçu tes lettres. Tu me connais, tu sais que je n’ai jamais menti… Et, tiens ! j’ai l’acte ici, dans un tiroir.