Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/368

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— Pardonne-moi, Jacques !

Et, quand elle put parler :

— Ce qui est fait est fait. Mais je ne veux pas que tu sois malheureux… Laisse-moi venir à ton aide.

Damour eut un geste violent.

— Bien sûr, dit vivement Berru, la maison est assez pleine ici, pour que ta femme ne te laisse pas le ventre vide… Mettons que tu refuses l’argent, tu peux toujours accepter un cadeau. Quand vous ne lui donneriez qu’un pot-au-feu, il se ferait un peu de bouillon, n’est-ce pas, madame ?

— Oh ! tout ce qu’il voudra, monsieur Berru.

Mais il se remit à taper sur la commode, criant :

— Merci, je ne mange pas de ce pain-là.

Et, venant regarder sa femme dans les yeux :

— C’est toi seule que je veux, et je t’aurai… Garde ta viande !

Félicie avait reculé, reprise de répugnance et d’effroi. Damour alors devint terrible, parla de tout casser, s’emporta en accusations abominables. Il voulait l’adresse de sa fille, il secouait sa femme dans le fauteuil, en lui criant qu’elle avait vendu la petite ; et elle, sans se défendre,