Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/37

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rayon jaune, qui s’éteignait brusquement ; et rien n’était plus doux ni plus tendre que cette lumière, sans cesse perdue à l’horizon, et sans cesse retrouvée.

— Ton père est donc absent ? reprit Frédéric.

— J’ai sauté par la fenêtre, dit-elle de sa voix grave.

Ils ne parlèrent point de leur amour. Cet amour venait de loin, du fond de leur enfance. Maintenant, ils se rappelaient des jeux où le désir perçait déjà dans l’enfantillage. Cela leur semblait naturel, de glisser à des caresses. Ils n’auraient su que se dire, ils avaient l’unique besoin d’être l’un à l’autre. Lui, la trouvait belle, excitante avec son hâle et son odeur de terre, et elle, goûtait un orgueil de fille battue, à devenir la maîtresse du jeune maître. Elle s’abandonna. Le jour allait paraître, quand tous deux rentrèrent dans leurs chambres par le chemin qu’ils avaient pris pour en sortir.