Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/371

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


IV


Le lendemain, Damour eut une chance : le tailleur de pierre le fit entrer comme gardien au chantier de l’Hôtel de Ville. Et il veilla ainsi sur le monument qu’il avait aidé à brûler, dix années plus tôt. C’était, en somme, un travail doux, une de ces besognes d’abrutissement qui engourdissent. La nuit, il rôdait au pied des échafaudages, écoutant les bruits, s’endormant parfois sur des sacs à plâtre. Il ne parlait plus de retourner aux Batignolles. Un jour pourtant, Berru étant venu lui payer à déjeuner, il avait crié au troisième litre que le grand coup était pour le lendemain. Le lendemain, il n’avait pas bougé du chantier. Et, dès lors, ce fut réglé, il ne s’emportait et ne réclamait ses droits que dans l’ivresse. Quand il était à jeun, il restait sombre, préoccupé et comme