Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/377

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pas à vous que je veux parler, c’est à Félicie.

Alors, Sagnard retrouva tout son aplomb.

— Voyons, mon camarade, expliquons-nous. Que diable ! nous n’avons rien à nous reprocher ni l’un ni l’autre. Pourquoi se dévorer, lorsqu’il n’y a de la faute de personne ?

Damour, la tête baissée, regardait obstinément un des pieds de la table. Il murmura d’une voix sourde :

— Je ne vous en veux pas, laissez-moi tranquille, allez-vous-en… C’est à Félicie que je désire parler.

— Pour ça, non, vous ne lui parlerez pas, dit tranquillement le boucher. Je n’ai pas envie que vous me la rendiez malade, comme l’autre fois. Nous pouvons causer sans elle… D’ailleurs, si vous êtes raisonnable, tout ira bien. Puisque vous dites l’aimer encore, voyez la position, réfléchissez, et agissez pour son bonheur à elle.

— Taisez-vous ! interrompit l’autre, pris d’une rage brusque. Ne vous occupez de rien ou ça va mal tourner !

Berru, s’imaginant qu’il allait tirer son couteau de sa poche, se jeta entre les deux hommes, en faisant du zèle. Mais Damour le repoussa.