Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/379

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Enfin, la clé tourna dans la serrure, elle parut et referma soigneusement la porte, pour laisser ses enfants à l’abri. Il y eut un nouveau silence, plein d’embarras. C’était le coup de chien, ainsi que le disait Berru.

Damour parla en phrases lentes qui se brouillaient, tandis que Sagnard, debout devant la fenêtre, soulevant du doigt un des petits rideaux blancs, affectait de regarder dehors, afin de bien montrer qu’il était large en affaires.

— Écoute, Félicie, tu sais que je n’ai jamais été méchant. Ça, tu peux le dire… Eh bien ! ce n’est pas aujourd’hui que je commencerai à l’être. D’abord, j’ai voulu vous massacrer tous ici. Puis, je me suis demandé à quoi ça m’avancerait… J’aime mieux te laisser maîtresse de choisir. Nous ferons ce que tu voudras. Oui, puisque les tribunaux ne peuvent rien pour nous avec leur justice, c’est toi qui décideras ce qui te plaît le mieux. Réponds… Avec lequel veux-tu aller, Félicie ?

Mais elle ne put répondre. L’émotion l’étranglait.

— C’est bien, reprit Damour de la même voix sourde, je comprends, c’est avec lui que tu vas… En venant ici, je savais comment ça tournerait…