Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/51

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faudra me réveiller. Je vous préviens qu’à cinq heures je dors comme une souche.

Madame Rostand avait cessé de broder, légèrement inquiète.

— Et surtout soyez prudents, murmura-t-elle. Je tremble toujours, lorsque vous êtes en mer.

Le lendemain matin, Micoulin eut beau appeler M. Frédéric, la fenêtre du jeune homme resta fermée. Alors, il dit à sa fille, d’une voix dont elle ne remarqua pas l’ironie sauvage :

— Monte, toi… Il t’entendra peut-être.

Ce fut Naïs qui, ce matin-là, réveilla Frédéric.

Encore tout ensommeillé, il l’attirait dans la chaleur du lit ; mais elle lui rendit vivement son baiser et s’échappa. Dix minutes plus tard, le jeune homme parut, tout habillé de toile grise. Le père Micoulin l’attendait patiemment, assis sur le parapet de la terrasse.

— Il fait déjà frais, vous devriez prendre un foulard, dit-il.

Naïs remonta chercher un foulard. Puis, les deux hommes descendirent l’escalier, aux marches raides, qui conduisait à la mer, pendant que la jeune fille, debout, les suivait des yeux. En bas, le père Micoulin leva la tête, regarda Naïs ;