Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/92

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feu. Le fils d’un maçon, un meurt-de-faim qui n’avait aucune situation avouable ! Mademoiselle Chuin le donnait bien comme un garçon d’avenir, mais que de honte, dans une famille où il n’y avait pas eu une tache jusque-là ! Flavie s’était accusée avec une sorte d’emportement, pour épargner à sa gouvernante le moindre reproche. Depuis cette explication pénible, elle gardait la chambre, le baron avait refusé de la revoir. Il voulait, avant de pardonner, régler lui-même cette abominable affaire. Toutes ses dispositions étaient prises. Mais ses cheveux avaient achevé de blanchir, un tremblement sénile agitait sa tête.

— Monsieur Nantas, annonça Joseph.

Le baron ne se leva pas. Il tourna seulement la tête et regarda fixement Nantas qui s’avançait. Celui-ci avait eu l’intelligence de ne pas céder au désir de s’habiller de neuf ; il avait acheté une redingote et un pantalon noir encore propres, mais très râpés ; et cela lui donnait l’apparence d’un étudiant pauvre et soigneux, ne sentant en rien l’aventurier. Il s’arrêta au milieu de la pièce, et attendit, debout, sans humilité pourtant.

— C’est donc vous, monsieur, bégaya le vieillard.