Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/93

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Mais il ne put continuer, l’émotion l’étranglait ; il craignait de céder à quelque violence. Après un silence, il dit simplement :

— Monsieur, vous avez commis une mauvaise action.

Et, comme Nantas allait s’excuser, il répéta avec plus de force :

— Une mauvaise action… Je ne veux rien savoir, je vous prie de ne pas chercher à m’expliquer les choses. Ma fille se serait jetée à votre cou, que votre crime resterait le même… Il n’y a que les voleurs qui s’introduisent ainsi violemment dans les familles.

Nantas avait de nouveau baissé la tête.

— C’est une dot gagnée aisément, c’est un guet-apens où vous étiez certain de prendre la fille et le père…

— Permettez, monsieur, interrompit le jeune homme qui se révoltait.

Mais le baron eut un geste terrible.

— Quoi ? que voulez-vous que je permette ?… Ce n’est pas à vous de parler ici. Je vous dis ce que je dois vous dire et ce que vous devez entendre, puisque vous venez à moi comme un coupable… Vous m’avez outragé. Voyez cette maison, notre famille y a vécu pendant plus de trois siè-