Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/95

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— Je vous demande pardon, monsieur. Je m’étais promis de garder mon sang-froid. Ce n’est pas vous qui m’appartenez, c’est moi qui vous appartiens, puisque je suis à votre discrétion. Vous êtes ici pour m’offrir une transaction devenue nécessaire. Transigeons, monsieur.

Et il affecta dès lors de parler comme un avoué qui arrange à l’amiable quelque procès honteux, où il ne met les mains qu’avec dégoût. Il disait posément :

— Mademoiselle Flavie Danvilliers a hérité, à la mort de sa mère, d’une somme de deux cent mille francs, qu’elle ne devait toucher que le jour de son mariage. Cette somme a déjà produit des intérêts. Voici, d’ailleurs, mes comptes de tutelle, que je veux vous communiquer.

Il avait ouvert un dossier, il lut des chiffres. Nantas tenta vainement de l’arrêter. Maintenant, une émotion le prenait, en face de ce vieillard, si droit et si simple, qui lui paraissait très grand, depuis qu’il était calme.

— Enfin, conclut celui-ci, je vous reconnais dans le contrat que mon notaire a dressé ce matin, un apport de deux cent mille francs. Je sais que vous n’avez rien. Vous toucherez les