Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/96

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deux cent mille francs chez mon banquier, le lendemain du mariage.

— Mais, monsieur, dit Nantas, je ne vous demande pas votre argent, je ne veux que votre fille…

Le baron lui coupa la parole.

— Vous n’avez pas le droit de refuser, et ma fille ne saurait épouser un homme moins riche qu’elle… Je vous donne la dot que je lui destinais, voilà tout. Peut-être aviez-vous compté trouver davantage, mais on me croit plus riche que je ne le suis réellement, monsieur.

Et, comme le jeune homme restait muet sous cette dernière cruauté, le baron termina l’entrevue, en sonnant le domestique.

— Joseph, dites à mademoiselle que je l’attends tout de suite dans mon cabinet.

Il s’était levé, il ne prononça plus un mot, marchant lentement. Nantas demeurait debout et immobile. Il trompait ce vieillard, il se sentait petit et sans force devant lui. Enfin, Flavie entra.

— Ma fille, dit le baron, voici cet homme. Le mariage aura lieu dans le délai légal.

Et il s’en alla, il les laissa seuls, comme si, pour lui, le mariage était conclu. Quand la porte se